Grand Prix de Poésie de la Ville d’Aix en Provence
Monsieur Dominique SIMONET, de La Flèche dans la Sarthe, pour « Cueilleur de mots » en Poésie Classique, « L’éternité de la Poésie » et « Il pleut sur mon papier » en Poésie Libérée.
Cueilleur de mots
Si je cueille le temps au jardin d’écriture
En rêves parfumés, doux et tendres aveux,
Roses, jasmins, lilas, parure à tes cheveux,
C’est pour fleurir la vie, une belle aventure,
Marcheur sur les sentiers de bruyère et de thym,
J’entends battre ton coeur, sa grande porte ouverte,
Bercé par ton regard et cette bouche offerte
D’où s’échappent les mots écrits chaque matin.
Dans la grandeur d’un soir où passe le silence,
Ce libre envol d’une âme aux ailes de beauté,
Nous regardons le ciel en son infinité,
Notre étoile, un appel d’où le bonheur s’élance.
Le vent berce mes jours et penche les roseaux,
L’astre éclairant la terre à tes yeux vifs s’allume,
Et s’envolent les vers d’un nid douillet de plume
Quand tintent le réveil et tous les chants d’oiseaux.
En savourant le goût de tes lèvres framboise,
Je ressens ta douceur comme un frisson des blés,
Et transmets ce plaisir aux amis rassemblés,
Aux visages d’ailleurs que mon âme apprivoise.
Les enfants sont nos pas qui vont nous poursuivant,
Les pages d’un recueil où s’écrit notre histoire,
Des éclats aperçus du haut d’un promontoire,
Et des larmes de joie au sourire émouvant.
Je ne suis que la rive ou le songe d’un être
Qui voit couler le fleuve emportant le bateau
Vers un monde éternel, sous le bleu chapiteau
Du berceau d’existence où demain veut renaître.
L’éternité de la poésie
Poésie du passé
De règles et de lois
De rimes harmonieuses qui berçaient notre enfance
Telle une tendre mère
Poésie du présent
Qui cherche son chemin
Parmi les fleurs sauvages, les affres de la terre
Aux cris de liberté.
Poésie du futur
Pour explorer sans cesse
Des modes inexistants ou d’étranges rivages
Au bout de l’univers
Poésie de l’étrange
D’un monde virtuel
Où défilent des mots de magie et e rêve
Sur la mer des nuages.
Poésie éternelle
De mots et de couleurs
De musique du ciel et mélodie de l’âme
Dans une symphonie.
Poésie de toujours
Qui fait battre le coeur
Au rythme fascinant du temps et de l’espace
Comme un souffle de dieu.
Poésie de lumière
D’étoiles et de soleil
De corail et d’éclats sur un tableau d’azur
Pour éclairer la vie.
Il pleut sur mon papier
Il pleut sur mon papier
Des sanglots, des chagrins, la pluie de la détresse
De ces enfants du monde
Qui souffrent de la faim.
Il pleut sur mon papier
Des gouttes rouge sang, roses ou coquelicots
De ces peuples qui crient
Justice et liberté.
Il pleut sur mon papier
Des atomes mortels d’errances nucléaires
Dans un jardin tremblant
D’espoir et dignité.
Il pleut sur mon papier
Des perles de rosée, des embruns parfumés
Pour tous ces lendemains
Aux matins de sagesse.
Il pleut sur mon papier
Des mots et des couleurs, inondés de lumière
Par la nature en fleurs
Au retour du printemps.
Il pleut sur mon papier
Des larmes de bonheur, du champagne de fête
De notre vie d’amour
Au goût d’éternité.
Poésie Classique
Prix Roi René
Madame Véronique FLABAT-PIOT, de Erquelinnes, en Belgique, pour « L’Oiseau qui chante en toi ».
L’Oiseau qui chante en toi (terza-rima)
Découvre, en toi, l’oiseau qui chante l’espérance,
Malgré les coups du sort et la noirceur du jour
Donnant, à l’avenir, une fausse apparence.
Calfeutre ton bien-être e posant l’abat-jour
Sur les instants menus qui font vibrer ton âme,
Lorsqu’ils logent en elle, en lumineux séjour !
Laisse parler ton coeur et cette part de femme
Capable d’adoucir les angles masculins
Par les courbes d’or pur, qui dansent dans la flamme.
Entends crépiter là ces accords cristallins
Qui murmurent, quiets, au sein de ta chaumière,
En jetant, sur les murs, leurs longs profils félins…
Puis, dés potron-minet, vois ombres et lumière
Morceler le limon et transcrire le ciel,
Comme si chaque aurore était l’aube première…
Jouant avec le verre, en créant l’arc-en-ciel
Des tons se mariant, pour capter la tendresse,
Tu sèmeras, partout, le germe essentiel
Qui fait croître l’Amour et fleurir l’Allégresse !
Prix Mirabeau
Monsieur Jo CASSEN, de Maubeuge, dans le Nord, pour « La Métamorphose du cloporte » .
La Métamorphose du cloporte
Secret dessous le masque, il avance inconnu,
Il a fardé les yeux, arrondi le discours
Soupesé chaque mot, son geste est convenu,
Il maîtrise l’objet et le sens du parcours.
Qui saurait entrevoir, sous l’aisance courtoise,
Le pas vif assuré, le charme naturel
Cette vive douceur et le regard qui toise
L’histoire ou le vécu de l’humble ménestrel ?
Pour oser apparaître et parler en lumière,
Il mena le combat contre l’à priori,
Il conjura le trac des grands soirs de première,
Et défia serein l’infâme pilori.
Transfuge du néant, où pouvait-il renaître ?
Sur la scène du monde où s’étrillent les rois,
Au fabuleux jardin que seul un dieu pénètre,
Ou chassant le roman des amers désarrois.
Il choisit d’affronter sans esprit de vengeance,
La tribune falote aux préjugés bourgeois
Qui fait la renommée avec sourde exigence,
Comme on jette au visage un ardent feux grégeois.
L’habileté parfois joue en désinvolture
Et permet de prêcher sans lever le soupçon
Tant le voile charmant habille l’imposture
En soufflant le génie à la contrefaçon.
Le cénacle conquis ouvre l’inaccessible,
Dans la joie et l’ivresse, il brûle ses deniers,
Condamne ses complots, sa rigueur inflexible,
Et oublie en passant, ses zèles chicaniers.
Le talent éprouvé du cloporte tragique
Bouscule l’inertie et les mornes trajets ;
Les lâches vanités de basse politique
S’épuisent sur le front d’impossibles projets.
Prix Sextius
Monsieur André PELISSERO , de la Destrousse, dans les Bouches-du-Rhône, pour « La Muse m’offre encore un vers »
La Muse m’offre encore un vers (Ballade)
Il n’est rien de plus enchanteur
Que d’être sous la providence
D’une jeune Dame au grand cœur
Qui comble, à plaisir, l’existence.
Lorsque faiblit mon éloquence,
Pour m’éviter quelque revers,
D’ineffable condescendance,
La Muse m’offre encore un vers !
A plume au pas de sénateur,
De jolis mots n’a souvenance,
Et, sans un élan créateur,,
Redoute échec et déchéance.
Cédant à mon plaisir pervers,
Son don divin menant la danse,
La Muse m’offre encore un vers …
En dépit d’un succès flatteur
Le doute me décontenance :
Mon texte a-t-il quelque valeur ?
Saura-t-il combler l’audience ?
Pour m’apporter la délivrance,
Illuminant mon univers,
Dans un éclair, en fulgurance,
La Muse m’offre encore un vers !
ENVOI
Ami, j’avoue en confidence,
Qu’afin de flatter mon travers,
Avec coupable complaisance,
La Muse m’offre encore un vers !
P